La vie à New York me plaisait bien, j'avais ma petite routine, celle que j'avais toujours cherché quand j'étais plus jeune. Quatre ans maintenant que j'étais diplômé, trois ans que j'étais à New York. Trois ans que j'avais rarement vu celle que j'avais aimé plus que tout. C'était toujours aussi bizarre les fois où on se voyait puisque nous étions soit l'un soit l'autre en couple - et donc accompagnés - et il y avait cette ambiance bizarre. J'y pense parce que mes parents m'ont en quelque sorte engrainés à venir à Toronto pour Thanksgiving, pour pas que j'aie à le passer seul à New York. Ouais, j'étais célibataire depuis peu et ils ont peur que je devienne dépressif. Ce n'était pas mon genre et j'avais beau le leur dire, ça n'empêchait rien. Sauf qu'arrivé à Toronto, la veille de la fête, mon père m'avoua qu'on était invité chez les Steadworthy. Woaw. C'était weird ça.. Je ne les ai pas vu depuis quelque temps maintenant et c'était quand même mes beaux-parents fut un temps. J'acceptais cependant sans broncher, me demandant si Jaycee sera là. Mais je me souvenais d'un magazine disant que ses plans pour les fêtes se passeraient dans une ville californienne, cachée de tous. Donc bon. Devant la maison, je me tenais derrière mon père et ma belle-mère, regardant autour de moi. Ce n'est qu'en entendant le "Joyeux Thanksgiving" que je me rendais compte dans quoi j'étais embarqué. Jaycee était là. Elle nous accueillait. God. Je restais calme et j'arborais un sourire sur le visage, m'approchant à mon tour pour la saluer. "Trois ans peut-être ? Non, deux ans ouais.. ça doit être ça.. Woaw." disais-je, troublé par sa présence. "Joyeux Thanksgiving." Je m'approchais d'elle pour la prendre dans mes bras et lui faire la bise.

Je ne me rendais pas compte à quel point le temps passait à vrai dire. Deux ans. Ca faisait deux ans qu'on ne s'était pas revus et pourtant, j'aurais cru que ça faisait moins. Mais non, ça faisait deux anniversaires qu'on s'envoyait simplement un sms, tout de même bizarre puisque la situation l'était. Et puis personnellement, je tentais de voir avec mon père s'il avait des nouvelles et s'il pouvait me les transmettre. C'était ma meilleure amie à la base, puis petite amie et presque femme. Avant que tout ne s'arrête d'un commun accord. Et aujourd'hui, je venais de mettre fin à une relation qui durait depuis un peu plus d'un an, pour la presque-même-raison que j'avais eu pour Jaycee. Les chemins différents nous empêchaient d'être ensemble, voilà tout. Enfin.. Elle a préféré aller sur un chemin avec un autre homme, c'était un peu différent quand même. Mais voilà, je n'avais pas envie de perdre du temps avec quelqu'un qui ne veut pas être à 100% avec moi. Une fois dans la maison, sourire sur les lèvres, la mère de Jaycee proposait à ce que je l'aide pour apporter ce qu'il fallait de la cuisine, ce qui me faisait rire intérieurement. Jaycee aussi avait remarqué puisqu'elle me l'avouait. "Toute petite impression oui, en effet." disais-je en rigolant avant de m'approcher du plan de travail. Le champagne était déjà sorti, récemment puisqu'il était encore frais et je le mettais dans le seau de glace, que je posais également sur le plateau. "J'continue de gravir les échelons au New York Times.. Je me fais un nom dans le milieu, comme je le voulais." avouais-je avec un sourire sur les lèvres. "Et toi ?"

Ce n'était pas la première fois que les parents, que dis-je, la mère de Jaycee venait à nous "piéger" de cette façon. Quand Jaycee et moi avions en quelque sorte rompu suite à sa tromperie avec le copain de sa meilleure amie, ses parents avaient voulu nous remettre ensemble malgré tout. Ou alors si ce n'était pas cette période, c'était une qui s'y rapprochait fortement. Donc oui, c'était du déjà vu mais je ne savais pas si ça pouvait marcher, pour la simple et bonne raison qu'elle avait un petit ami de toute façon, je l'avais lu dans un des magazines people qui continuaient de parler d'elle. "Mh.. Greenwich Village, depuis un an et demi maintenant." disais-je en souriant. Après tout, je n'étais pas dans ce quartier quand nous étions encore ensemble. C'était justement pour éviter de repenser à elle que j'avais décidé de déménager. "Je suis content pour toi, vraiment. Tu fais ce dont tu as rêvé de faire toute ta vie.. Je peux que te féliciter. N'hésite pas à me dire si tu joues à New York un jour, je viendrai sans problème." C'était le meilleur ami qui parlait, évidemment. C'était toujours lui qui prenait les choses en main pour éviter que ça ne devienne trop awkward. "On a tout ou tu veux rajouter des choses sur le plateau ?" demandais-je, puisque c'était tout de même l'hôte, elle devait savoir ce que sa mère voulait de nous.